Medellin et la région Antioquia
Après avoir suivi le cours du Rio Cauca sur une centaine de kilomètres, nous prenons enfin de l’altitude avec les premiers contreforts de la Cordillère Centrale. Nous sommes de retour dans les montagnes pour un bon bout de temps puisque la Cordillère des Andes s’étend jusqu’en Argentine. Cette route est l’un des seuls axes reliant Cartagena à Medellin, et le trafic des poids lourds y est plutôt dense. Il faut redoubler de prudence et bien tenir sa droite, tout en faisant au mieux pour éviter les nombreux cratères qui sont souvent en plein sur la trajectoire idéale.
Nous faisons une étape à Yarumal, une petite ville perchée à près de 2’300 mètres d’altitude. Il n’y a rien d’intéressant à y voire, si ce n’est le match Suisse-Allemagne que nous ne voulions pas manquer…
Les quelques 120 kilomètres qui nous amènent jusqu’à Medellin nous font traverser de magnifiques paysages de vallées très verdoyantes. Nous passons près du barrage Rio Grande et juste avant de plonger sur la ville, nous faisons un arrêt au mirador des parapentes pour une vue panoramique de Medellin. Nichée entre plusieurs montagnes à une altitude de 1’600 mètres, Medellin est la capitalde de la région d’Antioquia. C’est la deuxième ville la plus peuplée du pays après Bogota. Des années 70 à 90, c’est surtout son cartel et un certain Pablo Escobar qui font sa renommée. Considérée à l’époque comme l’une des villes les plus dangereuses au monde, elle est le théâtre des bains de sang amenés par le trafic de drogue. Le baron de la cocaïne est abattu en 1993 à Medellin alors qu’il est recherché dans plusieurs pays.
Medellin est aujourd’hui un centre culturel et touristique majeur en Colombie. Nous y passons 3 jours à visiter certains de ses nombreux points d’intérêt :
le quartier animé de El Poblado avec ses bars et restaurants branchés
la Plaza Botero avec ses nombreuses sculptures à ciel ouvert de l’artiste colombien du même nom, ansi que le bâtiment du Palais de la culture
le quartier de La Candelaria avec ses ruelles et ses marchands ambulants
Pueblito Paisa, du nom donné aux habitants de Medellin. C’est un petit village traditionnel perché sur une colline en plein centre-ville, mais personnellement j’ai trouvé l’endroit plutôt kitsch
Comuna 13, un quartier populaire construit de toutes pièces par Pablo Escobar afin de gagner le vote de ses habitants lors des élections municipales dans les années 70. C’était un bidonville tristement célèbre, dont l’histoire était liée aux règlements de compte du cartel de Medellin. Aujourd’hui ce quartier a été totalement réhabilité et il est très prisé des artistes de rue. On peut le visiter en toute sécurité et admirer les graffitis colorés et la vue superbe sur la ville.
Nous quittons Medellin à destination du village de Guatapé dont l’attraction principale est son fameux bloc de granit, El Peñón. Le rocher mesure au total 380 mètres dont 220 hors de terre, et on peut le gravir via un escalier de 728 marches aménagé dans la roche. Au sommet a été construit un point d'observation d'où l'on peut voir la région alentour, et en particulier le lac artificiel El Peñol. L’effort de l’ascension est récompensé par un magnifique paysage de collines et de bras lacustres qui s’étend sur 360º quasiment jusqu’à l’horizon. Il ne reste ensuite qu’à reprendre l’escalier dans le sens de la descente, ce qui donne un joli exercice physique de 1’456 marches.
Le village de Guatapé est parmi les plus beaux de Colombie, avec ses ruelles colorées et sa place centrale où trône une très belle église. C’est un des lieux touristiques les plus réputés d’Antioquia et de Colombie, et c’est malheureusement bondé de touristes. Deux jours sont amplement suffisant pour en faire le tour, mais nous décidons de rester un jour de plus car nous ne voulions pas manquer les victoires de la Suisse et de l’Allemagne en huitièmes de finale de l’Euro Foot.
Une mauvaise crève nous force à rester un jour de plus à Guatapé où je passe la majorité de la journée au lit. Ce matin ça va un peu mieux et nous continuons notre visite de la région Antioquia avec le petit village de Jardin, que nous atteignons après 200 kilomètres d’une belle route sinueuse. Avec ses rues et ses maisons ornées de balcons fleuris, sa petite place bordée de terrasses aux bancs colorés, Jardin est connu comme l’un des plus beaux villages d’Antioquia.
Notre dernier village de la série Antioquia sera Jericó, que nous atteignons après une courte étape d’un peu moins de 100 kilomètres. Les routes sont belles, mais comme il pleut quasiment toutes les nuits depuis bientôt 2 semaines, il y a de fréquents glissements de terrain qui sont susceptibles de surgir derrière chaque virage. Et je ne surprendrais personne de dire qu’ils ne sont jamais signalés… Ces abondantes pluies ont également transformé toutes les pistes en bourbier, et il est pour l’instant exclu de s’aventurer hors des routes bitumées.
Nos crèves respectives vont un peu mieux, mais ce n’est pas encore le top, et c’est complètement vidés que nous arrivons à Jericó. On décide de manger quelque chose avant de rejoindre l’hôtel pour une sieste réparatrice, et cette dernière durera jusqu’à la nuit… On ne verra donc pas grand-chose du village, mais tant pis ! Le repos des guerriers avant tout.
Aujourd’hui sur la route, on a de nouveau fait une jolie rencontre en la personne de Michael, un Kiwi qui voyage depuis 8 mois en Amérique du Sud. On passe une bonne heure à échanger sur nos expériences respectives, et on va certainement se recroiser d’ici au Chili. Et comme la Nouvelle Zélande est sur notre carnet de route, on risque fort de se revoir aux antipodes…